L'Institut de la Montagne se positionne comme une interface entre la recherche et les politiques publiques. Ses missions sont de mobiliser l'expertise scientifique et technique pour accompagner l'action publique ou privé, et d'encourager les échanges entre les chercheurs, les décideurs et les autres acteurs de la montagne.
Comme chaque année, en décembre, se tient la Journée internationale de la montagne promue par l'ONU-FAO. Cette manifestation a pour objectif de sensibiliser l'opinion publique au rôle que jouent les montagnes pour la vie et de mettre en évidence les perspectives et les difficultés qu'elles rencontrent en matière de développement.
L'agriculture de montagne est la thématique retenue pour le 11 décembre 2014, une agriculture souvent familiale, qui pourrait prétendre devenir un modèle pour le développement durable. C'est pourquoi, pour entrer en résonance avec cette journée, nous nous posons la question, ce mois-ci, de savoir si l'agriculture montagnarde serait un modèle pour un développement durable ?
Au cours du XXème siècle, l'agriculture de montagne s'est transformée, voire a muté, à l'instar des évolutions sociétales qu'elle a connu : la croissance démographique, la mondialisation économique, l'urbanisation et la migration des hommes et des jeunes vers les zones urbaines en sont des reflets. Ces changements, toujours d'actualité en ce début de XXIème siècle, peuvent aussi offrir des opportunités de développement au niveau local comme semble le permettre la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) 2014-2020. Mise en œuvre à l'origine pour répondre aux besoins alimentaires des européens, la PAC doit aujourd'hui relever une multitude d'autres défis.
Cet environnement politique favorable à l'initiative des nouvelles orientations de la PAC devraient donc favoriser le développement de l'agriculture montagnarde. En effet, elle se veut plus juste et plus régulatrice afin de réorienter, en France pour le moins, les soutiens vers ceux qui en ont le plus besoin, notamment les éleveurs et les petites et moyennes exploitations, types d'exploitation et d'activités agricoles qui concernent les zones montagneuses. Elle devrait être plus soucieuse des enjeux à la fois économiques et environnementaux et elle souhaite pérenniser l'agriculture, à l'ancrer dans les territoires et à rapprocher les pratiques agricoles des attentes de l'ensemble de la société. Pour ce faire, elle se tourne donc vers l'avenir en soutenant davantage l'emploi et l'installation de jeunes agriculteurs et en offrant des possibilités renforcées de gestion des risques. Ce sont autant d'orientations adaptées qui pourraient améliorer l'accès des agriculteurs aux ressources et accroître leur capacité à générer des revenus.
De fait l'agriculture montagnarde, avec ce changement de cap, devrait se trouver confortée dans ses choix qui tendent vers le développement durable : miser sur la qualité territoriale ; promouvoir la complémentarité de ses activités en diversifiant ses revenus grâce à des activités telles que le tourisme (accueil à la ferme), l'artisanat (transformation à la ferme) et les produits de montagne à forte valeur ajoutée (stratégies de labellisation, d'appellation d'origine, etc.) ; opter pour la mise en valeur des richesses territoriales, telle le paysage, la valorisation des produits locaux en circuit court. Ce sont donc autant d'atouts qui font de l'agriculture un outil pour un développement durable des régions de montagne, semble-t-il?